Un rachat exceptionnel

Air Liquide vient de réaliser une transaction hors normes, qui le propulse à la première place mondiale des entreprises du secteur de la production de gaz industriels. La firme française vient en effet de procéder au rachat de son concurrent américain Airgas, pour la somme de 12,5 milliards d'euros. Cette somme colossale représente une prime de 35% par rapport au cours de l'action Airgas à Wall Street, ce qui confortera les actionnaires du géant américain, qui se font prier déjà depuis quelques années. Mais, même s'il a payé le prix fort, Air Liquide estime néanmoins que cette opération devrait conforter son bénéfice dès la première année, et générer plus de 300 millions de dollars de synergies à l'avenir. Cette acquisition se traduira par une croissance de plus de 30% de l'activité du groupe.

A nouveau leader mondial

Jusqu'au terme des années 2000, Air Liquide pouvait revendiquer la place de leader mondial du secteur : numéro 1 en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, il avait néanmoins été détrôné au niveau mondial par son concurrent allemand Linde, mieux implanté que lui aux États-Unis et sur l'ensemble du continent américain grâce à une politique de croissance externe agressive, qui avait conduit l'Allemand à jeter son dévolu sur Lincare. Mais le rachat d'Airgas permet au groupe industriel français de devenir aussi leader en Amérique, et donc dans le monde.

Une bonne affaire, à prix élevé

Le marché américain connaît à l'heure actuelle une légère résilience, et la croissance d'Airgas a récemment accusé le coup : le groupe américain fait en effet les frais d'un dollar trop fort, et surtout de la chute des cours du pétrole qui affecte tout le marché des hydrocarbures. Selon les dirigeants d'Airgas, il est d'ailleurs difficile de savoir si le groupe est parvenu à un niveau d'étiage, ou si le repli qu'il connaît actuellement peut s'accentuer.

Néanmoins, pour Benoît Potier, le Président directeur général d'Air Liquide, l'Amérique du Nord demeure « un marché résilient offrant des opportunités de croissance dans la durée, et les bonnes affaires ne sont jamais bon marché ».