Aéroports de Paris bientôt privatisé
Aéroports de Paris pourrait bientôt être privatisé, à la faveur de la loi Pacte, qui sera présentée en Conseil des ministres.
Publié le 13-06-2018 par Bertrand Dampierre
Conséquence de la loi Pacte
Aéroports de Paris (ADP) pourrait très bientôt voir sa structure de capital évoluer, avec une baisse sensible de la participation de l'État français dans l'entreprise. Cette privatisation partielle sera une conséquence directe de la loi Pacte, autrement dit le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises. Cette loi comportera en effet un volet d'articles qui permettront à l'État de passer sous la barre des 50 % dans Aéroports de Paris, l'exploitant d'Orly et de Roissy. D'autres entreprises où l'État est actionnaire devraient également être concernées. La loi Pacte devrait aussi permettre à l'Etat de descendre sous le seuil des 33,34 % des droits de vote chez Engie et de privatiser la Française des jeux.
Le principal intérêt de la loi, pour le gouvernement, est de lui permettre de modifier les seuils de détention dans les entreprises où il est actionnaire, et donc de céder des titres qu'il y détient. Les fonds dégagés par ces cessions d'actifs devraient alimenter le fonds d'innovation supporté par l'État, et également contribuer à la réduction de son endettement.
En revanche, ce qui laisse plus de souplesse à l'Agence des participations de l'État (APE), le texte de loi reste volontairement dans le flou en ce qui concerne les montants pouvant être cédés et les acheteurs potentiels. L'État pourra donc décider de ce qu'il vend et à qui comme il le souhaitera.
La philosophie globale de cette loi est que l'État ne concentrerait désormais sa participation actionnariale que dans des entreprises ou des secteurs jugés hautement stratégiques.
Vers un géant français des aéroports ?
Il est plus que probable que l'opposition va monter sur ses grands chevaux et crier haro sur ce qu'elle considérera comme une vague de privatisations sans précédent, qui met en péril l'influence de l'État dans l'économie française et brade les joyaux de la France. Toutefois, selon le ministère de l'Économie, interrogé par nos confrères de l'agence France-Presse, les intérêts de l'État français ne seraient pas remis en cause par ce type de privatisation.
Aéroports de Paris, comme La Française des Jeux, ne sont pas aussi stratégiques pour l'État que l'on peut le penser. En outre, comme le souligne justement Bercy, « l'influence de l'État peut s'exercer autrement que par la détention de capital », c'est-à-dire « par une régulation accrue ».
En l'occurrence, Aéroports de Paris pourrait ainsi être l'une des premières entreprises, sinon la première, à être concernée par les conséquences de la loi Pacte et à voir l'État se désengager partiellement de son capital. Cela ne se fera de toute façon qu'en fonction des intérêts stratégiques d'Aéroports de Paris. Or, actuellement, il est indéniable que le groupe pourrait profiter de cette cession à un nouvel actionnaire. Le groupe, mais aussi le secteur tout entier. En effet, un des premiers investisseurs potentiels est bien entendu Vinci Airports, la filiale du groupe de BTP qui gère des concessions aéroportuaires en Europe et dans le monde. On assisterait alors à une consolidation du secteur en France et à la naissance d'un acteur susceptible de peser au niveau mondial dans la gestion et la construction d'infrastructures aéroportuaires.
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