Sobriété : pourquoi s'inspirer de ceux qui la pratiquent au quotidien
ANALYSE. En situation de sobriété subie, les populations précaires deviennent expertes d'une économie de la débrouille dont les vertus écologiques sont nombreuses. Par Gaëtan Mangin, Université d'Artois et Alex Roy, ENTPE
Publié le 28-01-2023 par Gaëtan Mangin et Alex Roy
« Je baisse, j'éteins, je décale » : c'est à partir de ce slogan que le gouvernement entend sensibiliser la population à la sobriété énergétique et promouvoir les éco-gestes. L'explosion des coûts de l'énergie - en partie imputable au conflit russo-ukrainien - apparaît depuis quelques mois comme l'opportunité de réduire ou optimiser nos consommations individuelles et collectives.
Un ensemble de « trucs et astuces » ont été mis en avant par les médias et les agences de l'État pour réduire significativement notre consommation d'énergie, repenser les approvisionnements alimentaires ou bien encore optimiser nos déplacements.
Si personne ne semble opposer de résistance au contenu de ces incitations, leur réception n'est toutefois pas uniforme : quand les mieux dotés ont tendance à y voir un message de bon sens, voire les prémices d'un tournant écologique attendu de longue date, les plus précaires - on parle principalement ici des personnes qui se situent hors emploi - ont eux tendance à se sentir peu concernés par des appels à une sobriété qu'ils ne connaissent déjà que trop bien.
Une étude que nous avons menée en 2020-2021 dans le cadre du Living lab territorial pour la transition sociale et écologique de la Maison des sciences de l'homme de Dijon révèle que les plus précaires possèdent déjà une véritable expertise de l'optimisation énergétique.
Cette étude a consisté en 20 entretiens semi-directifs ayant pour but de sonder les pratiques de débrouillardise développées au quotidie
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