« Pékin regarde Nouméa d'un oeil aiguisé » (Martial Foucault, directeur du Cevipof, titulaire de la Chaire Outre-mer à Sciences Po Paris)

MARTIAL FOUCAULT, DIRECTEUR DU CEVIPOF, TITULAIRE DE LA CHAIRE OUTRE-MER À SCIENCES-PO PARIS

ENTRETIEN - Le chercheur revient sur les racines de la colère et évoque des pistes de sortie de crise.

Publié le 19-05-2024 par Propos recueillis par Hugo Forquès

LA TRIBUNE DIMANCHE - Depuis lundi, des émeutes embrasent Nouméa. Quelles sont les raisons de ces troubles ?

MARTIAL FOUCAULT - Le mouvement de contestation s'inscrit dans une histoire coloniale agitée entre le territoire calédonien et le gouvernement français. Nous avons tous en mémoire les événements des années 1980, qui ont eu pour point culminant le drame de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 [qui avait causé la mort de 19 Kanaks et de deux membres des forces de l'ordre]. Les accords de Matignon, scellés par [le Premier ministre] Michel Rocard en juin 1988, suivis des accords de 1998, avaient défini un calendrier et un transfert de compétences pour que le territoire gagne en autonomie. Trois référendums étaient également prévus pour parvenir à l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie. Leur calendrier a été pour moi la première raison des colères. Le troisième référendum, organisé par le gouvernement pendant la période Covid, particulièrement critique en Nouvelle-Calédonie, a irrité les indépendantistes. Ensuite, il y a eu la nomination de Sonia Backès au gouvernement, lequel doit pourtant être un garant de neutralité. Or Sonia Backès est une actrice politique de premier plan en Nouvelle-Calédonie, représentante des loyalistes. Enfin, plus récemment, le dégel du corps électoral a mis le feu aux poudres. C'est une faute politique du gouvernement.

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