Gaz naturel liquéfié (GNL) : pourquoi les prix chutent, contre toute attente
Il y a encore six mois, pour compenser la chute des livraisons de gaz russes par pipeline, l'Europe se ruait tous azimuts sur les cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL), quitte à s'accaparer les volumes commandés par d'autres pays. Aujourd'hui, l'équation semble s'être inversée. D'une offre sous-dimensionnée, c'est désormais la demande qui manque sur ce marché mondialisé et fortement concurrentiel. Mais ce « sous-approvisionnement » ne devrait pas durer, estiment plusieurs observateurs. Décryptage.
Publié le 08-06-2023 par Marine Godelier
C'était il y a à peine un an. En mai 2022, peu de temps après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le monde redoutait une hausse brutale des prix du gaz, notamment du gaz naturel liquéfié (GNL) acheminé par bateaux des quatre coins du monde. Et pour cause, le marché faisait face à un « déséquilibre structurel » entre l'offre globale, amoindrie par les coupures inopinées de Vladimir Poutine, et la demande, encore très soutenue en Europe comme ailleurs, alertait le Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL). Si bien qu'une « crise majeure » se profilait jusqu'en 2024 au moins, le temps d'ajouter des capacités de production, renchérissait alors le cabinet Rystad Energy.
Pourtant, depuis plusieurs semaines, l'équation semble s'inverser : le GNL est devenu abondant, si bien que ses prix chutent sur le Vieux continent. Les tarifs pour livraison le mois prochain ont même baissé de 5% la semaine dernière sur la principale bourse d'échange du continent, le TTF (un marché virtuel basé aux Pays-Bas où des expéditeurs et des acheteurs s'échangent du gaz), atteignant leur plus bas niveau en deux ans, à 21EUR/mégawattheure (MWh). Soit bien loin du prix d'achat enregistré en août 2022, lorsque le MWh avait culminé à 340 euros, un record historique qui avait poussé Bruxelles à tenter d'instaurer un plafond à 180 euros/MWh.
L'industrie européenne, moins gourman
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