Agriculture sans pesticides: à Dijon, l'Inrae teste des pratiques de rupture
L'institut de recherche vérifie en conditions réelles une hypothèse scientifique encore non validée: la possibilité d'utiliser la biodiversité comme moyen de production. Il espère parvenir à une évaluation de la performance des pratiques testées d'un point de vue non seulement environnemental, mais aussi économique et social.
Publié le 04-06-2022 par Giulietta Gamberini
À première vue, difficile de déceler les différences entre ces champs-là et ceux d'à côté. En s'approchant un peu, on aperçoit des combinaisons inédites sur une même parcelle : de blé et petits pois ou de féveroles et de céréales, par exemple. Mais ce n'est qu'en discutant avec les chercheurs qui les arpentent que l'on comprend la portée disruptive de ce qui se pratique sur ces terrains de l'Unité expérimentale du domaine d'Époisses (U2E) de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), à 12 kilomètres de Dijon.
Dans la plate-forme CA-SYS (« Co-designed Agroecological SYStem experiment »), co-portée par l'U2E avec l'UMR Agroécologie de l'Inrae, c'est une agriculture encore très peu pratiquée, excluant radicalement l'utilisation de pesticides sans pour autant être bio, qui est testée en conditions réelles et sur de grandes cultures (céréales, oléagineux et protéagineux) depuis 2018.
Alors que, normalement, pour éradiquer les plantes adventices, l'exclusion des herbicides est compensée par le labour du sol, avec toutefois des effets négatifs en termes d'émissions de CO2, de fertilité et de préservation de la biodiversité, ici, ce sont quatre systèmes de rupture qui sont expérimentés sur une cinquantaine de parcelles couvrant plus d'une centaine d'hectares :
- 1) le labour du sol associé à l'utilisation d'engrais azotés ;
- 2) le labour sans apports d'azote ;
- 3) le semis direct non permanent, dans lequel on s'autorise de temps en te
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