Le PDG de Nestlé France dresse un réquisitoire contre la grande distribution

Le PDG de Nestlé France dresse un réquisitoire contre la grande distribution

Richard Girardot rompt l'omerta et dénonce ouvertement les pratiques de la grande distribution, qui sont en train de laminer les industries de l'agroalimentaire, petites et grandes.

Publié le 31-03-2015 par Aglaë Derouen

Une pression énorme sur les prix

 

C'est à une grande opération de communication dirigée contre la grande distribution que s'est livré aujourd'hui Richard Girardot. Le Président Directeur Général de Nestlé France a multiplié les interviews, notamment au Figaro et à Capital, et n'a jamais mâché ses mots. Ce qu'il dénonce avant tout, ce sont les attitudes de la grande distribution qui pressent les industries de l'agroalimentaire de vendre à des prix toujours plus bas, et usent et abusent de leur toute puissance. « La grande distribution ne négocie plus, elle nous met en garde à vue » a-t-il par exemple déclaré à Capital, faisant allusion à ces méthodes qui consistent à faire attendre les équipes des fournisseurs pendant parfois plus de huit heures avant de les recevoir.

Les regroupements de centrales d'achat de certains distributeurs, dans l'optique d'intensifier la guerre des prix, n'ont rien arrangé dans ce contexte déjà plus que tendu. La pression sur les prix « a été énorme, bien supérieure à nos prévisions », si bien que les entreprises de l'agroalimentaire sont vis-à-vis des distributeurs face à un choix inadmissible « financer leurs promotions ou revoir les conditions de lancement des innovations », a déclaré Richard Girardot au Figaro, en se posant clairement la question de la légalité de ce type de pratiques.

 

 

Une situation de concurrence anormale

 

Le PDG de la filiale française du géant mondial de l'agroalimentaire dénonce en particulier une pratique sur laquelle il souhaiterait que l'Autorité de la Concurrence se prononce : « Nous dénonçons une situation de concurrence anormale : les distributeurs répercutent les hausses des matières premières pour leurs produits à marque propres, dont les prix ont augmenté de 0,4 % l'an passé ; et dans le même temps, ils exigent des grandes marques des baisses de tarifs, certains revendant nos produits à perte ». Dans de telles conditions, il n'est guère étonnant selon lui que certains industriels transgressent la loi et cherchent à s'entendre, car « ils sont en train de se faire laminer et que c'est la dernière solution qu'ils trouvent pour continuer à faire tourner les usines ».

Cette situation a en effet des conséquences graves sur les fournisseurs. Les PME en sortent exsangues, mais même les groupes comme Nestlé sont contraints à des réorganisations et des adaptations. L'abandon de la gamme de produits surgelés Maggi en est une. Dans un marché où 70% de la production est assurée par des marques de distributeurs, « qui était prêt à payer le prix de la qualité des produits surgelés Maggi, seule marque à ne pas avoir eu de viande de cheval dans ses lasagnes ? », confie le PDG de Nestlé France à Capital. 

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