Des régions disent non au Ouibus de la SNCF

Des régions disent non au Ouibus de la SNCF

La concurrence instaurée entre Ouibus et TER inquiète certains exécutifs régionaux, grands argentiers des TER.

Publié le 10-09-2015 par Bertrand Dampierre

Deux logiques contradictoires

 

La libéralisation du marché des autocars longue distance par la Loi Macron a conduit la SNCF à se positionner sur ce nouveau segment porteur. D'un point de vue purement économique, il est facile de comprendre que la SNCF a effectivement intérêt, avec sa nouvelle marque Ouibus, à se positionner sur ce marché déjà très concurrentiel et à ne pas attendre qu'il soit dominé par Transdev et sa filiale Isilines. Quitte à faire concurrence au train avec des liaisons moins chères par autocar, autant se faire concurrence à soi-même et se renforcer plutôt que de se laisser grignoter son marché par des concurrents qui vous affaiblissent.

Mais cette logique économique fait très mauvais ménage avec la logique politique qui compte beaucoup dès qu'il s'agit de transports régionaux, et donc des TER qu'exploite la compagnie ferroviaire française. C'est pourquoi Ouibus, à peine créé, fait déjà polémique. Cette polémique est portée par le Président de la Région Pays de Loire, le socialiste Jacques Auxiette, qui est aussi en charge des questions de transports pour le compte de l'Association des Régions de France.

 

 

Les régions n'assumeront pas les pertes

 

Les TER sont cofinancés par les Conseils Régionaux à hauteur de 40% de leur coût total, le reste étant assumé par la SNCF. Ce cofinancement repose sur un accord permettant de maintenir un service public de transports réguliers de qualité dans les régions, quand bien même certaines lignes seraient peu rentables pour la SNCF.

Or, ce que reproche Jacques Auxiette et ses homologues à la SNCF, c'est d'instaurer les liaisons par autocar à prix bas en concurrence directe et frontale du TER. De sorte qu'une partie de la clientèle régulière du TER pourrait se reporter sur l'autocar pour des raisons évidentes de coût. A titre d'exemple, un trajet en TER  du Mans à Nantes côute 25,50 euros, alors que le premier prix proposé pour une liaison en autocar est de 5 euros : 20,50 euros d'économies pour le voyageur peuvent justifier de passer du train à l'autocar.

C'est pourquoi Jacques Auxiette met en garde la SNCF contre les conséquences financières d'une baisse de la fréquentation et de la rentabilité du TER : « il faut que la SNCF sache, et je m'y emploie dès aujourd'hui, que cela ne se fera pas avec l'aide des subventionnements régionaux. Elle devra assumer la totalité du manque à gagner financier pour les TER régionaux », a précisé l'élu.

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